
CHEMINEMENT
Quelques explications
Je suis brésilienne et je suis arrivée en France en 1980 : je vis à Gennevilliers depuis 1984.
J’ai une formation littéraire et j’ai eu la chance de pouvoir construire un parcours professionnel riche et diversifié dans l'enseignement : d'abord à Rio de Janeiro et ensuite en France.
J’a exercé plusieurs métiers : traduction, interprétariat, formation de portugais langue étrangère.
J’ai alphabétisé des adultes, j’ai enseigné en primaire, au collège et au lycée.
J’ai été professeur des écoles en classes maternelle et j'ai dirigé un établissement scolaire pendant les dix dernières années de ma carrière.
Parallèlement, j'ai développé, de manière assez suivie et croissante, des activités artistiques.
En 2004, je me suis inscrite aux ateliers TERRE et DESSINS de l'Ecole Municipale de Beaux Arts Edouard Manet à Gennevilliers.
Il me semble que chaque personne finit toujours par réaliser ce qui pour elle est essentiel.
Il me semble aussi que si nous analysons avec acuité le fil de chaque vie, il a des signes qui suggèrent assez tôt les accomplissements du cheminement…
S’ils ne sont pas suffisamment indicateurs, rétrospectivement ils deviennent presque « évidents ».
C’est comme dans le Y King : des indices qui échappent à notre perception et qui pourraient éventuellement s’exprimer avec clairvoyance si nous étions absolument présent et attentif.
C’est une lecture fine qui devient possible par une présence entière et souveraine à chaque instant !
Pour la petite histoire… ou les indices….
En remontant le temps, j’avais à peine 20 ans, je me souviens d’une amie chez qui j’y allais régulièrement…
Sur les étagères de sa bibliothèque, il y avait des petits personnages en terre cuite qui venaient de la région de Recife où il se perpétue encore aujourd’hui une tradition très ancienne de fabrication de sujets et des scènes de la vie quotidienne en argile. J’adorais ses petits personnages !
En 1975, j’ai fait un voyage au nord-est du Brésil et j’ai suis revenue à Rio de Janeiro chargée d’un grande valise où je transportais des nombreuses pièces en argile qui j’avais achetées dans la foire de Caruaru. Ces pièces, je les ai apportées plus tard en France et je les conserve précieusement.
Je ne savais pas qu’un jour je toucherais l’argile pour créer à mon tour.
Plus tard, dans une librairie du quartier latin, j’ai trouvé dans les étalages des livres d’occasion un titre qui a attiré mon attention : « Le corps à ses raisons » de Thérèse de Berthérat. Après la lecture, j’ai voulu réaliser un exercice qu’elle avait l’habitude de proposer aux personnes dans ses groupes d’antigymnastique.
Il s’agissait de façonner en dix minutes un « bonhomme » avec les yeux fermés.
Je me suis acheté un petit pan d’argile et, un soir à une heure tardive, je me suis mise à fabriquer un bonhomme. J’ai aussitôt écrabouillé tellement il m’a déplu. Ensuite, pendant des heures, je me suis à jouer avec l’argile et j’ai fabriqué ma première sculpture.
L’argile était rouge et, au petit matin, ce qui est ressorti suggérait fortement le sexe féminin.
J’ai rougie et je l’ai cachée !
Je me suis inscrite dans un groupe d’antigymnastique mais je ne savais encore pas que j’allais plus tard m’inscrire aux ateliers terre de l’Ecole Edouard Manet dont j’ignorais l’existence.
Approches et démarches….
Pour mes sculptures, j'utilise principalement la terre blanche et lisse. C’est un touché sensoriel intime et sensuel qui éveille des émotions fortes et révèle des choses enfouies de mon âme.
Je ne pars jamais d'un dessin, d'un projet ni d'une idée précise…
Je façonne mes formes de manière un peu "aveugle", je ne sais presque jamais où je vais...
C’est le contact avec la terre qui me guide et m’entraîne vers un certain « inconnu »…
J’ai besoin du contact avec la terre, le sable, le sol : c’essentiel pour moi !
Dans les bois, le parc, la campagne je me promène souvent les pieds nus, à chaque fois que cela est possible.
C’est pour moi un moyen puissant de décharger les tensions et me ressourcer d’énergie. C’est nourricier dans le sens large du terme.
Au commencement de chaque nouvelle pièce, j’ai des envies floues qui prennent sources souvent dans l'organique, notamment dans le monde végétal et/ou dans le milieu marin et aquatique en générale.... Je suis fascinée par la beauté des arbres, les écorces, les souches, les branches, les mouvements gracieux des ramages, les formes des feuilles, les fleurs. C’est un enchantement infini !
Lorsque je travaille la terre, j'essaie surtout de capter les mouvements en « évitant » de les figer.
Progressivement, intuitivement, les courbes naissent.... se déploient... se transforment de manière "hasardeuse"...
C'est en quelque sorte un chemin de « sérendipité »....
Lorsqu'une forme se dévoile et commence à se stabiliser, il y a une deuxième étape qui est particulièrement longue et délicate:
Par grattage avec des petits outils simples, j'enlève des quantités importantes de terre afin obtenir une épaisseur très fine pour que la sculpture soit le plus légère possible.
Aussi, pour arrondir et arrondir davantage et faire circuler les courbes…
Pendant cette étape, des "accidents" arrivent et ils sont plutôt heureux, comme s'ils étaient nécessaires : des orifices surgissent, des parties se brisent et se perdent, parfois de rajouts s'imposent... en mettant en évidence des « PLEINS » et des «VIDES » qui harmonisent l'équilibre de l'ensemble.
Après la première cuisson de la pièce en terre, je l’émaille à plusieurs reprises : deux ou trois passages au four sont parfois nécessaires pour obtenir un camaïeux de couleurs définitives.
Ce sont également des tâtonnements à petits pas qui se construisent au fil des cuissons.
La majorité de mes sculptures peuvent se positionner de différentes façons sur une surface plane avec un minimum de points d'appuis.
Quelques-unes peuvent également être accrochées au mur ou suspendues.
Cette multiplicité de "poses" dans l'espace offre aux regards des formes très variées et évocatrices... selon le point de vue, la perception et l’imagination de chacun.
Des sculptures qui seraient à la fois "abstraites" tout en étant plus ou moins suggestives.
En fonction des éclairages, elles se "prolongent" dans l’espace par des jeux d'ombres qui dilatent leurs contours.
Mes dessins…
C’est encore une démarche où je me laisse aller très librement sans intention préalable… beaucoup de lignes courbes saturées de couleurs vives, abstractions fantaisistes et rêveries qui peuvent vaguement suggérer sans indiquer...
J’utilise des crayons de couleur, des feutres à pointe fine et un peu de pastel.
Contrairement aux sculptures, les surfaces sont chargées et laissent peu ou pas de places pour le « vide » : comme un besoin de remplir partout jusqu’aux bords de la feuille.